LE CENTRE D’ENTRAÎNEMENT DE CHEVAUX TROTTEURS DE GROSBOIS

Acquis en 1962 par la SECF, le Domaine de Grosbois est dès lors transformé en centre d’entraînement afin de garantir toute l’année un vivier de partants pour les courses qui se déroulent à l’hippodrome de Vincennes. Ce vaste domaine boisé est alors doté d’infrastructures et de services de pointe dédiés aux trotteurs. Il peut ainsi accueillir jusqu’à 1500 chevaux, pendant le meeting d’hiver et plus de 80 entraîneurs y vivent et y travaillent tous les jours pour assurer un spectacle de qualité.

Figure 1: Vue du Domaine de Grosbois, le matin pendant l'entraînement des trotteurs(©JLL-LeTROT).

I. De Joinville à Grosbois :

Jusqu’au début des années 60, les Trotteurs parisiens stationnent dans des écuries à proximité des hippodromes. Les chevaux attelés se rendent alors quotidiennement par la route de Joinville à Vincennes ou par celle de Champigny au Tremblay. Certains se souviennent encore des bruits des sabots ferrés des trotteurs qui résonnent dans les rues au milieu des klaxons des voitures. Mais les terrains proches de Vincennes sont progressivement lotis et les entraîneurs sont contraints de quitter leurs établissements. La pression croissante des projets immobiliers en banlieue et l’augmentation dangereuse du trafic automobile conduisent donc la SECF (Société d’Encouragement du Cheval Français) à envisager la création d’un centre d’entraînement aux portes de la capitale.

L’opportunité lui en est offerte, en 1962, lors de la vente du domaine de Grosbois par les héritiers de la Princesse de la Tour d’Auvergne. La SECF se rend alors propriétaire d’un parc de plusieurs centaines d’hectares à 15km de Vincennes. Avec la fermeture de l’hippodrome du Tremblay (devenu l’actuel parc interdépartemental des sports et de loisirs du Tremblay) en 1965, les sites d’entraînement de Saint-Maurice disparaissent alors que sort de terre un nouveau centre d’entraînement. Le domaine de Grosbois constitue un site idéal de par sa taille et sa proximité avec Vincennes. Il est à la fois clos et suffisamment vaste pour aménager les pistes nécessaires à l’entraînement. Mais surtout il assure à ses résidents une tranquillité et une sécurité qui faisait défaut à Vincennes et au Tremblay.

 

Figure 2: Photographie ancienne de deux attelages de course, dans les rues de Joinville.
Figure 3: Carte postale ancienne de l’Hippodrome du Tremblay pendant une course.

II. Grosbois : du Fiacre au Sulky, l’histoire se poursuit…

Au XIIe siècle, Grosbois appartenait au domaine royal et se composait, comme son nom l’indique, d’une vaste étendue boisée. Puis, se développe un petit village du nom de Grosbois-le-Roi et une seigneurie. Un château de briques et de pierres blanches vient au XVIIe siècle nicher au cœur de cet écrin de verdure. Les châtelains successifs mettent à profit ses terres giboyeuses et en font un domaine de chasse qui sous l’Empire est particulièrement réputé. 

Par la suite, les propriétaires et descendants du Prince de Wagram sont confrontés aux aléas de la vie politique française et se voient contraints de vendre leurs biens pour maintenir leur rang. Suite au décès de la Princesse de la Tour d’Auvergne, en 1960, ses héritiers décident donc la mise en vente du parc de 625 hectares. Le domaine est ainsi morcelé et attise la convoitise des promoteurs immobiliers. 

Lorsque la SECF (Société d’Encouragement du Cheval Français) se porte acquéreur du château de Grosbois, en 1962, ses terres se réduisent à 412hectares. Le Président de la SECF, René Ballière, à l’origine de cette acquisition, devient dès lors l’un des grands bâtisseurs du trot. Son frère Henri Ballière, alors vice-président, se voit confier la supervision des travaux. Architectes et ingénieurs vont, sous ses ordres, concevoir un centre d’entraînement inédit en France de par sa taille et l’ampleur de ses infrastructures. Il faut compter trois ans de labeurs pour défricher, assainir, tracer des routes, construire plus 1000 box, des logements pour les entraîneurs et leur personnel, mais surtout des pistes et des structures pour l’entraînement des chevaux…L’année qui suit l’acquisition, la SECF fait aménager la ferme qui a cessé toute activité, afin d’y accueillir des chevaux. En octobre 1965, le premier entraîneur s’installe déjà dans ce qui va devenir au fil des ans la référence mondiale des centres d’entraînement de chevaux trotteurs.

Avec la création du centre d’entraînement, le domaine de Grosbois écrit une nouvelle page de son histoire et échappe à l’abandon et au morcellement.

  

Figure 4: Le Prince de Wagram, Alexandre Berthier dans la cour de la ferme à Grosbois vers 1910.
Figure 5: L'écurie LEVESQUE, dans la cour de la ferme, à Grosbois, 1967.

III. Des Infrastructures de pointe :

Les nouveaux propriétaires du domaine conçoivent dès le début un projet d’aménagement de grande envergure pour Grosbois et ses futurs résidents. Les sols sont assainis et les allées du parc laissées dans un état de semi-abandon sont défrichés afin d’accueillir les futurs athlètes. Il s’agit d’édifier un centre d’entraînement doté de tous les équipements nécessaires aux chevaux trotteurs.
Dès 1963, les premiers travaux concernent, d’ailleurs, l’aménagement d’une piste d’entraînement, en sable rose, de 1500 mètres de circonférence et 15 mètres de large. L’année suivante la société sécurise le site par la construction de deux pavillons de gardien à l’entrée située sur la commune de Marolles. Elle prévoit déjà la construction d’une cinquantaine d’établissements privatifs pour installer les écuries de course avec chevaux et personnel. Les entraîneurs et leurs salariés peuvent ainsi vivre avec leur famille, à proximité des chevaux, au cœur même de l’activité. Aujourd’hui, Grosbois compte une soixantaine d’établissements de différentes tailles et plus de 1500 boxes. Les plus grands établissements comprennent ainsi trente box, des garages pour les vans, une sellerie, un grenier à foin et les logements de l’entraîneur, du premier garçon ainsi que cinq chambres pour les lads.
En dehors des établissements, le domaine se dote d’équipements collectifs où les sportifs peuvent peaufiner leur préparation et améliorer leurs performances. En 1965 et en 1971 deux nouvelles pistes de 1000 mètres viennent compléter le dispositif. Ce sont ainsi plusieurs centaines de champions en herbe et de cracks qui se succèdent quotidiennement sur les trois anneaux de vitesse ou sur les 40km d’allées cavalières qui sillonnent le parc. Des structures couvertes permettent de poursuivre l’entraînement par tous les temps. En effet, dès 1969, un manège de 77 mètres de long et une piste couverte de 400 mètres sont construits dans l’ancien potager.
Plus de cinquante ans après sa création, ce complexe unique au monde reste adapté aux conditions d’entraînement actuelles et permet aux professionnels de se concentrer sur l’essence de leur métier et la performance de leurs champions.


Figure 6: Le manège de Grosbois (©JLL-LeTROT).

Figure 7: La piste couverte (©JLL-LeTROT).

IV. Des services associés :

Les résidents du domaine disposent par ailleurs de divers services annexes qui gravitent et se développent autour de l’activité hippique.
Citons parmi eux : 

- Le centre social : ce dernier est créé dès les premières années de construction. Il est géré par L’AFASEC, l’Association pour la Formation et l’Action Sociale des Ecuries de Courses. Le volet social de l’association met à la disposition des salariés d’écuries : une assistante sociale, des logements ainsi qu’un service de restauration. Il propose également des animations et bénéficie à cet effet d’une salle de bar, d’une salle de projection ainsi que d’espaces de réception. Au moment des repas (matin, midi et soir et ce 365 jours par an) la cafétéria de l’AFASEC rassemble bon nombre des socioprofessionnels du site. Ils profitent ainsi d’un moment de détente et de convivialité autour d’un repas traditionnel et copieux. La réputation de sa cuisine tient essentiellement à la qualité des produits provenant chaque semaine de Rungis. 
http://www.afasec.fr/fr/action-sociale/residence/afasec-residence-de-grosbois/

- L’Ecole des Courses Hippiques de Grosbois a été créée, en 1991, comme un service annexe de l’AFASEC et répond à ses missions de formation du personnel de la filière. Le CFA de Grosbois prépare ainsi les jeunes aux métiers de lad, driver et jockey voire 1er garçon. Il dispense des formations de niveau Bac pro et brevet, ainsi que des formations courtes d’initiation. (www.ecole-des-courses-hippiques.fr)

- La clinique vétérinaire est aménagée en 1969 sur le site de Tournebride, dans l’enceinte du domaine de Grosbois. Elle est à cet effet spécialisée dans la chirurgie, la pathologie locomotrice et la médecine équine. Elle bénéficie d’équipements de pointe comprenant une salle de radiologie, une salle de chirurgie et d’anesthésie, de tapis roulant. Des espaces de consultation de nombreux box permettent d’accueillir les patients qui viennent de toute la France pour être traités à Grosbois.
http://www.cliniqueveterinairegrosbois.eu

- La sellerie de Grosbois : le magasin situé dans l’enceinte du domaine propose aux résidents du site tout le nécessaire pour l’équipement des chevaux, drivers et cavaliers.
http://www.selleriedegrosbois.fr

- La Maréchalerie : Les plans du centre d’entraînement prévoient la création d’une forge pour que le maréchal-ferrant puisse œuvrer à demeure et ajuster la ferrure des chevaux.

La plupart de ces services sont concentrés en bordure nord-est du domaine sur le territoire de la commune de Marolles à l’exception de la clinique et de quelques logements situés sur le site de l’ancien relais de poste de Tournebride.

 

V. Vivement l’hiver !

L’arrivée du mois de novembre sonne le début du meeting d’hiver à l’hippodrome de Paris-Vincennes. Pendant quatre mois, les meilleurs trotteurs se produisent sur la cendrée parisienne. Pour certains d'entre eux, l'objectif sera le Grand Prix d'Amérique, disputé le dernier dimanche du mois de janvier. De nombreux champions tels Roquépine, Tidalium PéloBellino II et Ténor de Baune ou plus récemment Bélina Josselyn ont ainsi séjourné à Grosbois. 
Ce sont ainsi plus de vingt écuries de renom qui prennent possession de leurs quartiers d’hiver avec famille, personnel et leurs meilleurs chevaux. Grosbois fait alors le plein, l’excitation grandit à l’approche des grandes courses de l’hiver. Les compétiteurs étrangers disposent également de box pour quelques jours afin d’acclimater leurs Champions.
A l’arrivée du printemps, la transhumance se fait de Grosbois vers la province, les entraîneurs rejoignent alors leur haras pour suivre leur activité d’élevage et préparer leurs effectifs au prochain meeting. Malgré ces départs, près de cinquante entraîneurs vivent à l’année sur le centre avec 600 à 800 chevaux l’été.

Figure 8 : Grand Prix d’Amérique 2015 (©JLL-LeTROT).

VI. Le Trot en action :

Afin de garantir le fonctionnement des installations, une équipe de 37 salariés de la SECF œuvre quotidiennement. 
Une dizaine de conducteurs d’engins assurent l'entretien des pistes et allées cavalières qu’il faut herser, rouler, arroser en fonction du rythme des entraînements et des conditions météorologiques du moment. Une dizaine de personnes sont affectées aux espaces verts et boisés. Elles réalisent la tonte de dizaines d’hectares de pelouse, le fleurissement du jardin de l’orangerie, la taille de plusieurs kilomètres de haies. Les espaces verts de Grosbois, c’est aussi des milliers de jeunes arbres replantés après la tempête de 1999 et une tornade en 2000 qui ont sinistré plus de 60 hectares de forêt. L’entretien courant des bâtiments mobilise également des peintres, maçons, menuisiers, électriciens. Enfin, une petite équipe assure la gestion administrative du Domaine.

 

VII. Plus qu’une allure, une culture : 

Le trot est une allure sautée en deux temps d’une rare élégance. Il s’agit normalement d’une cadence intermédiaire entre le pas et le galop que le cheval conserve difficilement à vive allure. Le trot résulte donc d’un apprentissage et présente l’avantage de combiner de grandes foulées avec un équilibre parfait de la monture.
Stabilité et vitesse ont fait du trotteur un cheval de service idéal, tant pour l’armée, l’agriculture que pour le transport hippomobile en général. Les courses au trot se sont donc développées au XIXe siècle sous prétexte de sélection équine.
La maîtrise de cette allure à un tel niveau d’exigence, nécessite en effet, un travail de longue haleine mais aussi des aptitudes naturelles. La race des trotteurs français est ainsi créée par sélection. Désormais, chaque trotteur est enregistré à sa naissance dans un stud-book qui garantit son lignage.
Mais la qualité de trotteur ne lui est réellement accordée qu’à l’issue des épreuves de qualifications qui se déroulent de nos jours régulièrement au domaine de Grosbois. Ce dernier dispose, en effet, d’une piste homologuée pour recevoir ces épreuves ainsi que tout le matériel technique nécessaire au dépistage et aux commissaires aux courses.

Figure 9 : Trotteurs à l'entraînement sur la piste des qualifications de Grosbois, en trot attelé et monté (© JLL-LeTROT).

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